Résumé :
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cover-Image ` Éditions Larousse 2009 ISBN : 978-2-03-585585-5 AVANT D'ABORDER L''UVRE Fiche d'identité de l'auteur Zola Nom :Émile Zola. Naissance : le 2 avril 1840, à Paris. Famille : père, François Zola, de nationalité italienne, ingénieur ; mère, Émilie Aubert. Installation à Aix-en-Provence en 1843 ; mort du père en 1848 ; la famille est dans une situation matérielle et financière très difficile. Formation : en pension à Aix, puis boursier au lycée Saint-Louis à Paris en 1858. Il échoue au bac en 1859. Il entre chez Hachette en 1862 et devient français. Début de carrière : il fréquente écrivains et artistes, commence à écrire en 1854 et collabore à divers journaux dès 1863 ; il quitte Hachette en 1866 pour se consacrer au journalisme et à la littérature. Thérèse Raquin paraît en 1867. Premiers succès : en 1868, la préface de la 2eédition de Thérèse Raquin définit le naturalisme. La publication des Rougon-Macquart (20 romans au total jusqu'en 1893) commence en 1870-1871 avec La Fortune des Rougon. Évolution de la carrière littéraire : intense production journalistique et littéraire ; résidence alternée ente Paris et Médan ; Zola est reconnu comme le chef de file du naturalisme, mais ne parvient pas à se faire élire à l'Académie française ; il prend la défense de Dreyfus, notamment avec un article intitulé « J'accuse », paru dans L'Aurore le 13 janvier 1898. Condamné pour diffamation, il s'exile à Londres puis rentre en France en 1899. Il entreprend deux autres séries, Les Trois Villes et Les Quatre Évangiles. Mort : par asphyxie, à Paris, dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902. On suspecte une origine criminelle à sa mort. Repères chronologiques Fiche d'identité de l''uvre Au Bonheur des Dames Genre : roman. Auteur :Émile Zola, en 1883. Objets d'étude : le narratif ; le réalisme et le naturalisme ; le roman et ses personnages : vision de l'homme et du monde. Registres :épique, lyrique, didactique. Structure : 14 chapitres. Forme : récit en prose. Principaux personnages : Octave Mouret, directeur du Bonheur des Dames ; Denise Baudu, son employée modèle ; Baudu, l'oncle de Denise, dont le magasin Au Vieil Elbeuf périclite. Sujet : Denise Baudu arrive à Paris chez son oncle propriétaire du Vieil Elbeuf, fortement concurrencé par le Bonheur des Dames, où elle va se placer (chap. I-II). Chez sa maîtresse, Mouret rencontre Hartmann, un riche baron qui finance l'expansion du magasin. Le lancement d'une soie nouvelle récompense les efforts d'Octave, alors que Denise végète (chap. III-V). Renvoyée par un supérieur auquel elle s'est refusée, puis réengagée, Denise attire l'attention de son patron (chap. VI-X) ; elle devient la reine du magasin. Les petits commerçants agonisent (chap. XI-XIII). Le triomphe de Mouret éclate lors de la vente du blanc. On devine que Denise va épouser Mouret (chap. XIV). Publication du roman : publié à Paris en feuilleton dans le Gil Blas entre le 17 décembre 1882 et le 1er mars 1883, puis en volume chez Charpentier dès le 3 mars 1883. Lectures de l''uvre : le roman s'inscrit dans le tableau général du Paris du second Empire brossé par Zola dans Les Rougon-Macquart et met en scène l'épopée du grand magasin. L''uvre dans son siècle Un roman naturaliste ZOLA S'INSCRIT DANS LA TRADITION solidement établie depuis Balzac qui érige le roman en genre dominant de la littérature au XIXe siècle, que l'on peut appeler « le siècle du roman ». En effet, le roman est peut-être le genre littéraire le plus transformé, et de la manière la plus durable. Non seulement son « poids économique » ne cesse de s'accroître, non seulement il est de plus en plus reconnu comme forme à part entière, mais il devient à partir de 1830 le moyen privilégié d'expression de nombreux écrivains. Genre apparemment affranchi des règles contraignantes, il peut s'ouvrir à un univers inabordable aux autres formes, traiter des sujets inédits, rendre compte du monde moderne. Débordant les formes classiques, s'appropriant toutes les formes d'expression, exploitant tous les procédés, il n'a pour loi que son expansion indé'nie, et « s'empare de secteurs de plus en plus vastes de l'expérience humaine » (Marthe Robert). Sa souplesse lui autorise de se fractionner, se diversifier en une infinité de sous-genres, de formes spécifiques selon le sujet, la forme, la composition, les possibilités de la lecture, le public... Il supplante le théâtre, qui reste bien entendu plus vivace que jamais, mais se trouve dépassé comme genre de la totalisation. Le roman populaire, loin d'être un sous-genre, s'impose comme forme majeure. Il confère au roman des techniques, un rythme, une atmosphère que des ambitions beaucoup plus grandes vont reprendre, retravailler et magni'er. La différence entre les catégories du roman tient moins au talent des auteurs qu'aux enjeux du monde et à la vision qu'ils en ont. Le roman se prête donc de manière inégalable à la représentation de l'existence moderne. Isolement de l'individu, déterminismes sociaux et matériels, multiplication et transformations des relations, intrication des rapports de toute nature, des réseaux multiples : le traitement de la durée, la prolifération des personnages, des objets, des lieux rendent compte de cette extension prodigieuse. Le roman retrace donc des apprentissages, des conquêtes, des désillusions, des stagnations, des ambitions et des frustrations, des réussites et des échecs : il offre l'in'nie possibilité d'écriture des projets humains. LE ROMAN NATURALISTE constitue à partir des années 1870 l'une des tendances majeures du genre. Onzième titre de la série des Rougon-Macquart, Au Bonheur des Dames prend place dans la continuité du programme tracé dès l'origine du projet global, résumé par le sous-titre de la série : « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire ». Le roman s'inscrit dans l'Histoire, son mouvement, ses fractures, con'its et dynamiques. Il peint un âge social. Non seulement le repérage historique est exact et précis, mais encore la description et l'analyse des milieux comme des conditions sociales mettent au jour des rapports et des déterminismes. Voir et savoir : telle est la première ambition du naturalisme. Un décor moderne dans le Paris du XIXe siècle PARIS AVAIT DÉJÀ ÉTÉ UN DÉCOR et un thème romanesques centraux dans le roman balzacien, dont la plupart des sujets s'inscrivent dans la première moitié du XIXe siècle. Le romancier entreprenait de peindre les « riches et sublimes tableaux » du Paris moderne (La Femme de trente ans, chapitre paru en 1831). En 1833, Ferragus célèbre « le plus délicieux des monstres », la « ville aux cent mille romans », la « tête du monde » dont seuls les « hommes d'étude et de pensée, de poésie et de plaisir » savent « récolter [...] la masse de jouissances 'ottantes, à toute heure, entre ses murailles ». Paris devient laboratoire du fantastique, décrit dans la vision dantesque qui ouvre La Fille aux yeux d'or, cinq cercles de l'Enfer parcourus par le mouvement ascensionnel de l'argent. « Oh ! à Paris, là est la liberté de l'intelligence, là est la vie : une vie étrange et féconde, une vie communicative, une vie chaude, une vie de lézard et une vie de soleil, une vie artiste et une vie amusante, une vie à contrastes » (chronique parue dans Le Diable à Paris, 1845) : cet hymne à la capitale va de pair avec une peinture de la Babylone moderne, du lieu de concentration de l'énergie, du Moloch qui dévore la jeunesse venue de province. Séduisante, inquiétante, chatoyante, la Ville par excellence sera successivement ou tour à tour paysage, femme, monstre, cité de 'ammes et de 'ots, références polysémiques qui se monnaient en 'euve, torrent, égout, creuset, forge, fournaise, soleil, enfer. Fleuve de feu ou bourbier, Paris est aussi une divinité dévorante. Au centre de cette fresque trône la société capitaliste naissante, étagée des employés aux banquiers, champions de la nouvelle aristocratie d'argent, et le faubourg Saint-Germain, patrie de l'aristocratie du sang, légitimiste et catholique. « À la fois toute la gloire et toute l'infamie de la France » (lllusions perdues, 1837-1843), Paris est décrit tel un Moloch qu...
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